
Les Menestrels 
Définition :
Un ménestrel
était une sorte de barde du Moyen-âge européen; il
chantait des histoires qui parlaient de pays éloignés ou
qui racontaient des événements, réels ou
imaginaires. Parfois ils créaient eux-mêmes, souvent ils
apprenaient par cœur les récits des autres, quitte
à les embellir. Les cours seigneuriales devenant plus
raffinées et plus exigeantes, les ménestrels y furent
finalement remplacés par des troubadours et beaucoup se firent
ménestrels errants, s’adressant au public des villes. Sous
cette forme, l’art des ménestrels a continué
à être goûté jusqu'au milieu de la
Renaissance, bien qu’il n’ait cessé de
décliner dès la fin du XVème
siècle.
Au commencement, les ménestrels étaient simplement des domestiques
des cours seigneuriales (littéralement leur nom signifie justement
petits domestiques et vient du bas-latin ministralis, le
serviteur) et leur tâche était de distraire le seigneur et son entourage
avec des chansons de geste ou leur équivalent local.
Les menestrels en Catalogne :
Aux
XIème et XIIème siècles, les maisons comtales catalanes renforcent leurs liens culturels et linguistiques entre les deux versants
des Pyrénées, grâce à une suite de noces entre des comtes catalans et
des princesses occitanes.
En ces temps de paix et de bien-être social surgissent les troubadours (trobadors) et
les joglars, poètes et musiciens, qui, soit voyagent entre les différentes maisons féodales, soit sont rattaché à un noble en
particulier.
Leurs
origines sociales sont diverses : certains appartiennent à la noblesse
comme le comte Guilhelm de Peitieu, d’autres sont de condition modeste,
comme Guiraut de Bornelh.
Ils écrivent des poèmes, généralement pour être
chantés, qui exaltent l’amour, la joie et le bonheur.
En 1209, ils arrivent en masse à
travers les Pyrénées, fuyant la répression que les nobles du Nord de la
France exercent
contre le Catharisme.
La première référence à propos d’une
cornemuse en pays catalan apparait dans des écrits des
années 1119 et 1131.
Par
la suite, selon J. Amades (ethnologue et folkloriste catalan, 1890-1959),
nous trouvons des citations de cornemuses lors des
fêtes dédiés à Sant Dionis,
célébrées à Valence en 1258. On
décrit que,
lors de la procession, défilent deux trompettes (dos trompadors), dos
tabalers et une cornemuse.
Lors du règne de Pierre IV d'Aragon, dit Pierre le Cérémonieux (Père IV el Cerimonios, 1336-1387), de nombreux documents
attestent de l'utilisation de la cornemuses. On trouve des
références de nombreux cornemuseurs, ou sonneurs de
cornemuse,
au service de ce monarque : |
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Ugoni de la Pelliça : |
1345-1353 |
Guillemi Veguer : |
1345-1353 |
Pere Castelló : |
1345-1346 et 1349-1351 |
Francesch de Muntalba : |
1345 |
Paschual Ferrández : |
1346-1347 et 1378-1381 |
Guillem de Bonach : |
1347-1348 et 1352 |
Johan de París : |
1348-1352 et 1354-1356 |
Jaquet Tricot : |
1351-1381 |
Stefani de Tremfort : |
1354-1356 |
Johani lo Clerch : |
1355-1356 |
Johani lo Gornalet : |
1392 |
Johan lo Gormandell : |
1392 |
Les cornemuseurs Johan
de Mascho et Père Seguer sont pris au service du rois, dans le seul but de distraire son fils, le petit infant
Jean (Joan l’Abril, 1350-1396) -
qui succèdera à son père de 1387 à 1396 sous le nom de Jean Ier, dit l'Amateur de la gentilhommerie.
Ce dernier n’a alors que 2 ans; deux ans plus
tard le roi lui fait fabriquer une petite cornemuse garnie « ...de velours
vert ornée des
armoiries royales, avec deux petites clochettes d’or et
d’argent... ».
D'autres sonneurs de cornemuses cités dans divers documents à cette époque :
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Abgelí lo Llong |
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Joan de Mascum |
: 1343 |
Tomasi de Xaumont |
: 1372 (avec une petite cornemuse) |
Perrinet |
: 1345 |
Adamet |
: 1345 |
Simon d Ortega |
: 1346 |
Andreu Bonach |
: 1346 |
Pere Barart |
: 1346 |
Lorsque le roi ou les membres de la cour rendent visite aux villes importantes, on organise de grandes fêtes populaires.
Ainsi en 1360, l’infant Joan, devenu adolescent, va visiter Valls, qui est à peine plus petite que Tarragona à cette époque.
Il est reçu et célébré par des vers de
trobadors et de joglars, avec des feux d’artifices, aux sons des
cloches et autre
manifestations festives.
Lors de ces fêtes de plein air, on fait participer les
instruments les plus divers. Les musiciens de cour, qui
possédent les
instruments les plus modernes, provoquent alors l’admiration et réveillent la curiosité des musiciens de condition
plus humble. Les uns comme les autres s’efforcent
d’améliorer leur répertoire, de perfectionner leur
exécution et observent
les innovations (anches, etc…).
L’utilisation
de la cornemuse va alors s’étendre, d’abord chez les joglars, puis chez
les bergers, enfin, des siècles plus tard elle
sera même utilisée
par les mendiants. A cette époque, autant par sa forme que par ses
possibilités musicales, c’est un instrument
plus simple que celui que nous connaissons aujourd’hui.
Elle n’a pas de bourdon, alors qu’aujourd’hui elle en possède 3. Les modèles du siècle dernier, conservés en Catalogne, n’en
possèdent que 2 sonores et 1 en garniture.
Pendant le carême, période au cours de laquelle on ne
peut exécuter ni danses ni chants festifs, les monarques
proffitent pour
envoyer leurs joglars dans les écoles de Flandres ou
d’Allemagne, afin qu’il y apprennent de nouvelles musiques.
Ils
y échangent leurs expériences avec d’autres joglars du Nord de l’Europe
et acquièrent de nouveaux instruments ou de nouvelles techniques de
fabrication. Avec le temps, les joglars se spécialisent; on les appele
désormais des Menestrels (ministrils).
Les monarques pratiquent alors des échanges de menestrels :
on prête un menestrel de bonne réputation ou on en
emprunte
un autre quand on se lasse d'entendre toujours le même.
En plus des arabes, la couronne catalano-aragonaise, prend à son service des menestrils venant de toute l’Europe :
des Castillans, des Anglais, des Allemands, etc…
A
partir du moyen-âge, la cornemuse trouve sa place, avec plus ou moins
d’importance, dans les coblas de l’époque ainsi que dans l’animation de
simples danses et fêtes villageoises, ou pour accompagner les bergers
lors des longues transhumances.

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